Les 24 et 25 septembre 1914, 4 autres soldats du 22e RI vont tomber sur le champ de bataille qui s'est déplacé dans la somme : Enay Joseph 24 ans - Guerry Jean 27 ans - Enay Louis 31 ans - Hugonin Flavien 34 ans
Le
24 septembre, le 22e RI arrive dans la région de Proyart. Le Ier Bataillon
est en avant-garde
du Régiment et marche à cheval sur la route Amiens-Péronne. Il se
heurte vers 10 heures à des patrouilles ennemies devant Foucaucourt.
La bataille va s'engager.
Le
Régiment, rassemblé dans le ravin du Tunnel (route d'Amiens),
reçoit l'ordre de s'emparer du village de Foucaucourt.
L'attaque
se déclenche vers 16 heures Les Bataillons sont disposés de la
façon suivante :
Le
Ier Bataillon
attaque le village en marchant à cheval sur la route Amiens-Péronne.
Le
2e Bataillon
appuie le mouvement du Ier à
800 mètres en arrière.
La
9e et
la 10e Compagnie
du 3e Bataillon
sous les ordres du capitaine Mounier attaquent à gauche en
direction de Fay, appuyées par la section de mitrailleuses du
lieutenant Terrier.
Les
11e et
12e Compagnies
ont pour mission de couvrir le Régiment face au nord, en gardant les
ponts de la Somme entre Méricourt et Cappy.
Les
Compagnies de premières lignes, débouchant du ravin du Tunnel, se
déploient rapidement en tirailleurs. Les mouvements s'exécutent
dans l'ordre le plus parfait, aux commandements des chefs.
L'attaque
progresse par bonds successifs, à travers un terrain absolument
plat, dépourvu de couverts. Nos Compagnies sont alignées et
marchent comme à la manœuvre, malgré la fusillade violente de
l'ennemi. Celui-ci occupe Foucaucourt, où il vient d'arriver en hâte,
transporté par des camions. En avant de Foucaucourt, il tient
solidement deux points particulièrement célèbres: à droite, le
moulin et, sur la route, le cimetière.
Le
IerBataillon,
malgré des pertes sévères, s'avance jusqu'à la lisière ouest du
village. La4e Compagnie,
à droite, brillamment conduite par le sous-lieutenant Quemin,
progresseà
travers les champs de betteraves et tente de tourner le cimetière
par le sud. Le sous-lieutenant Quemin est tué. La 4e Compagnie
subit de lourdes pertes et ne peut plus progresser. La 2e Compagnie
a réussi à atteindre le cimetière en utilisant le talusde
la route de Péronne. La 3e Compagnie, à droite, enlevée par son
chef, le lieutenant Carsignol, essaye vainement de tourner le
cimetière par le nord. Le lieutenant Carsignol est tué et la
Compagnie stoppe. Les Compagnies du 2e Bataillon
viennent peu à peu, sous un feu violent, prolonger vers la gauche
(nord) la ligne de combat et renforcer la 3e Compagnie.
Le lieutenant Marchand, qui commande la 6e Compagnie,
est tué en entraînant ses hommes sous une fusillade terrible. Les
deux Compagnies du capitaine Mounier,
après avoir progressé assez facilement en direction de Fay, sont
obligées de stopper en raison du tir violent de mitrailleuses et de
fusils venant de Foucaucourt.
La
nuit tombe. Nos lignes de tirailleurs sont partout accrochées à
l'ennemi qui, reranchté
dans le moulin, le cimetière, les lisières du village et un chemin
creux près du cimetière, nous cause des pertes sévères. La
2e Compagnie,
entraînée par le capitaine De Foras et le sous-Lieutenant Petitbon,
se jette résolument, baïonnette au canon, sur le cimetière rempli
d'ennemis, mais elle ne peut s'en emparer. Le capitaine De Foras est
tué et la Compagnie reflue de quelques mètres sous le feu ennemi.
Il
fait nuit noire Le combat continue, indécis. Nos tirailleurs sont
arrêtés à quelques mètres des Boches. On se fusille partout à
bout portant. Au sud, l'ennemi progresse vers Herleville et menace de
tourner notre droite. Au nord, les Bavarois, débouchant de Fay, font
refluer les Compagnies du capitaine Mounier, débordent le
2e Bataillon
qui se replie légèrement pour parer au danger.
Au
1er Bataillon,
notre ligne tient bon. N'ayant pu nous bousculer par la force,
lesAllemands tentent la ruse. Ils s'avancent vers nous par petits
groupes, en disant « Camarades français, ne tirez pas. Nous sommes
des Anglais!» Les hommes sont stupéfaits. On avait signalé le
matin les Anglais en avant de nous. Un léger flottement se produit
dans nos lignes. Les Allemands s'en aperçoivent et se précipitent
baïonnette aucanon
sur nos tirailleurs qui sont submergés. Tous ceux du Régiment qui
ont assisté à cette traîtrise n'oublieront jamais ce terrible
combat. Des corps à corps acharnés s'engagent. On se bat dans la
nuit,isolément.
Tous les chefs sont tombés et les soldats sont héroïques.
Le
lendemain, l'attaque ennemi e
se développe. Les Allemands débouchant de Reinecourt débordent
nos
Compagnies établies face à Foucaucourt, en avant du ravin du
Tunnel. Le Régiment est contraint de se replier sous un feu violent
de mitrailleuses qui prend nos troupes d'enfilade. II vient s'établir
en avant de Framerville et de la sucrerie de Proyart où, bien
soutenu par le 54° d'Artillerie qui fait un véritable rnassacre de
Boches, il arrête définitivement l'ennemi.